Happening review : Un drame brutal mais nécessaire
Happening est un film d'horreur . Cela peut ne pas sembler être un à la surface, mais ça l'est. Réalisé par Audrey Diwan et basé sur un roman d'Annie Ernaux, le film suit une jeune étudiante nommée Anne (Anamaria Vartolomei) alors qu'elle lutte pour se faire avorter à une époque du début des années 1960 en France où l'acte était illégal. Au cours de sa courte durée de 100 minutes, le film alterne entre se sentir comme un drame familial intime, une histoire de passage à l'âge adulte et un thriller d'espionnage.
Mais la seule chose que Happening ne perd jamais, c'est le sentiment d'effroi qui est immédiatement présent dans les premières minutes du film et qui ne fait que devenir plus palpable au fur et à mesure que son histoire avance. Regarder le film, c'est se sentir de plus en plus entraîné dans un cauchemar, les murs se resserrent et les ombres envahissent tout ce qui est en vue. C'est un cauchemar qui semble encore plus suffocant parce que l'histoire de Happening n'est pas seulement basée sur la réalité, mais est soudainement devenue d'une actualité et d'une pertinence inquiétantes au cours des derniers jours.
Malgré cela, Diwan s'abstient de jamais rompre l'immersion de l'histoire de Happening afin de nous rappeler sa pertinence actuelle. Au lieu de cela, le scénario, la réalisation et l'esthétique du film le maintiennent fermement ancré dans son décor français du début des années 60. Ce faisant, Happening accomplit ce que tous les grands drames historiques devraient : il raconte une histoire d'hier qui sert d'avertissement pour aujourd'hui.
Une expérience cauchemardesque
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Le film n'est que le deuxième long métrage de Diwan en tant que réalisateur, mais vous auriez du mal à le deviner en le regardant. Dès sa première image, Happening est réalisé avec un niveau de contrôle et d'attention qui rend la voix et l'intention de Diwan immédiatement claires. Travaillant avec le directeur de la photographie Laurent Tangy, le réalisateur apporte une approche principalement portable au Happening qui le rend vivant et animé mais aussi d'une intimité écrasante.
Ensemble, Tangy et Diwan gardent souvent la caméra aussi près que possible du visage d'Anne de Vartolomei, créant un sentiment d'intimité qui permet non seulement de se connecter à Anne, mais aussi de ressentir le même sentiment d'étouffement croissant qu'elle ressent plus longtemps. grossesse non désirée continue. Après un certain temps, cette approche visuelle claustrophobe imprègne Happening d'une qualité étonnamment lynchienne et cauchemardesque qui devient globale lorsqu'Anne est forcée de commencer à prendre de plus en plus de risques afin d'avoir une chance de garder sa vie ensemble.
Le style visuel du film signifie également que Diwan ne détourne jamais complètement la vedette d'Anamaria Vartolomei, une actrice franco-roumaine qui pourrait bien avoir les yeux bleus les plus perçants que le cinéma ait vus depuis un certain temps. Diwan fait grand usage de ces yeux bleus, et la performance qu'elle capture est tout simplement époustouflante. Dans la première moitié du film, Vartolomei met l'accent sur l'intelligence et l'entêtement d'Anne tout en gardant sa panique croissante bouillonnant juste sous la surface.
Cependant, plus le temps passe, plus la façade composée d'Anne commence à s'effriter, révélant la peur, la colère et le désespoir qui ont fait du simple fonctionnement quotidien une tâche presque impossible pour elle. Dans un clin d'œil visuel subtil mais efficace à l'arc du personnage, Diwan a même les cheveux généralement tirés en arrière d'Anne qui finissent par tomber et autour de son visage comme un voile en désordre. Vartolomei, quant à lui, apporte une énergie brute à la douloureuse désintégration d'Anne qui est captivante à regarder sur le moment et difficile à secouer par la suite.
Elle et Diwan n'hésitent pas non plus à montrer le bilan physique qu'Anne doit endurer au cours de son voyage, et certaines scènes de Happening s'aventurent même sur le territoire de l'horreur corporelle. Ces scènes sont difficiles à regarder, mais c'est un témoignage pour Diwan, Vartolomei et toutes les personnes impliquées dans Happening que la raison de leur inclusion n'est jamais remise en question. C'est un film audacieux et assuré, et il n'a jamais été aussi nécessaire qu'aujourd'hui.
Happening premières en salles et à la demande le 6 mai.