Revue Infinity Pool : une plongée profonde dans la dépravation

Dans les cinq premières minutes du nouveau film Infinity Pool de Brandon Cronenberg, vous pensez savoir ce que vous obtenez. Un couple magnifique ( Alexander Skarsgård et Cleopatra Coleman) se réveille dans leur lit surdimensionné puis s'aventure dehors pour manger des plats gastronomiques dans un complexe chic. Alors que le couple termine et retourne à son hôtel à prix élevé, la caméra commence à se déplacer vers le haut et à tourner lentement. Il coupe ensuite à différents endroits à l'intérieur de la station, la caméra tournant et bougeant continuellement, jusqu'à ce que tout soit à l'envers. L'effet est désorientant, et c'est le but. Rien dans ce film n'est sur un terrain solide, et ce qui va suivre vous laissera étourdi.

C'est une bonne chose, car Infinity Pool est l'un des films les plus originaux, dégoûtants, hypnotiques et révoltants depuis un bon moment. Il aborde un certain nombre de sujets et de genres – une satire flétrissante du 1%, un examen de l'identité à travers une lentille de science-fiction – et les mélange habilement et sans goût. Ce n'est pas pour tout le monde, mais ceux qui le creusent vont l'adorer.

Le Lotus Blanc sous acide

L'intrigue se concentre sur James Foster (Skarsgård), un auteur qui cherche l'inspiration pour son deuxième roman longtemps retardé dans une station balnéaire d'un pays en développement fictif, qui est si dangereux qu'il est interdit aux invités de s'aventurer au-delà des barbelés fortement gardés de la station. clôture. Sa femme, Em (Coleman), est riche et a généreusement parrainé les efforts littéraires vains de son mari. Après avoir été témoin d'un acte de vandalisme sur le complexe, James rencontre Gabi (Mia Goth), qui prétend être une fan du premier roman mal noté de James. Bientôt, James et Em rencontrent le partenaire plus âgé de Gabi, Alban, et les couples se lient tout en discutant de leurs problèmes de champagne.

Les aventureux Gabi et Alban invitent les Fosters réticents à se joindre à eux pour un pique-nique bien arrosé au-delà des limites sûres de la station. Une fois à l'extérieur, les couples boivent, mangent et, dans le cas de Gabi et James, se livrent à un léger flirt qui se traduit par une rencontre sexuelle précipitée et cachée. À la tombée de la nuit, James ramène le groupe à la station jusqu'à ce qu'un accident se produise, qu'un homme meure et qu'un crime soit dissimulé de peur d'être puni dans un pays avec peu ou pas de règles.

Bien que cela ressemble à l'intrigue complète d' une autre saison de The White Lotus , ce ne sont que les 20 premières minutes d' Infinity Pool . Décrire ce qui se passe ensuite serait gâcher le plaisir du film. Vous ne savez pas où va Infinity Pool , et le plaisir de ne pas savoir est son principal attrait.

Des acteurs engagés

Ce que l'on peut dire à propos de l'intrigue, c'est que ce n'est pas un simple mystère. Rien dans ce film n'est joué directement; chaque fois que vous vous attendez à un zig, ça zague. Qu'il suffise de dire que James se retrouve de plus en plus en difficulté, Gabi alterne entre être sympathique et psychotique, et rien n'est ce qu'il semble être.

Un film comme celui-ci a besoin d'acteurs intrépides pour vendre sa satire de science-fiction, et Infinity Pool ne déçoit pas. Skarsgård, vu pour la dernière fois couvert de sang et de viscères dans The Northman , et Goth, qui est devenu une star en 2022 avec les films d'horreur X et Pearl , sont des monstres certifiés, et ils sont plus que capables d'incarner les aspects les plus scandaleux. de l'histoire du film.

En tant que James, Skarsgård joue d'abord les qualités de tout le monde qui ont donné à l'acteur le succès grand public dans des films de studio tels que La légende de Tarzan , mais révèle ensuite lentement le côté le plus pervers de son personnage. Au fur et à mesure que James s'enfonce dans les ennuis, il devient plus intoxiqué par les plaisirs et les punitions que sa situation lui procure, et Skarsgård n'hésite pas à montrer cette dualité.

Gabi aurait pu facilement être un stéréotype de femme fatale, mais Goth est une actrice trop originale pour se rabattre sur des clichés de genre. Son Gabi, comme Pearl avant elle, est violent et effrayant, mais aussi étrangement calme et rassurant. C'est au crédit de Goth qu'il est logique que son personnage, à divers moments du film, manie une arme à feu en criant et offre sa poitrine ensanglantée exposée pour se nourrir. C'est un rôle qui ne devrait pas avoir de sens, mais Goth le vend en s'engageant pleinement dans l'absurdité du film.

Viens pour la satire de science-fiction, reste pour l'orgie trippante

C'est cependant le réalisateur Cronenberg qui s'impose comme la véritable star d' Infinity Pool . Dans ses deux dernières œuvres, le thriller paranoïaque Antiviral et le film d'échange de corps et d'esprit Possessor , Cronenberg (fils de David Cronenberg) a montré une promesse qui a été étouffée par une fidélité à d'autres réalisateurs, le plus évident étant le corps d'horreur de son propre père. films. Avec ce film, il prend tout son sens en tant que réalisateur, offrant une vision unique mêlant horreur, science-fiction et satire que personne ne fait en ce moment.

Le sous-genre "manger les riches" a été populaire ces derniers temps, avec la deuxième saison de The White Lotus , The Menu et Triangle of Sadness documentant les absurdités comiques de l'élite. Au lieu de réitérer le message universel selon lequel les gens riches sont affreux, Cronenberg se concentre sur le cauchemar d'être piégé et abusé par le privilège.

Cela imprègne tout le film et atteint son apogée, pour ainsi dire, dans une séquence d'orgie de 5 minutes de bravoure qui met en valeur la force de la vision de Cronenberg. Comme le film, ce qui commence comme séduisant se transforme rapidement en une fantaisie infernale de chair éclairée au néon. Les corps en sueur deviennent grotesques les uns avec les autres, les bras dépassant des orifices et les visages se fondant les uns dans les autres. L'identité, une préoccupation primordiale de Cronenberg dans toutes ses œuvres, est détruite ici, et comme James, il nous reste à recoller les morceaux.

Une plongée à faire

Infinity Pool est sûr d'être source de division; tout grand art est, et ce film se qualifie. Il prend une prémisse de science-fiction et fonctionne avec, mais n'oublie jamais les implications réelles des problèmes qu'il soulève. James est-il moins un homme et un artiste, pour être volontairement dans un mariage qui profite à son écriture? Est-il juste pour un pays d'édicter ses propres règles pour se venger de ses visiteurs qui ne partagent pas ses opinions ? La vie compte-t-elle sans la menace de la mort ?

Ce sont des questions importantes, et bien que le film se penche sur chacune d'entre elles (et bien d'autres), il le fait avec une confiance et un zèle à la fois impressionnants et divertissants. En fin de compte, la chose la plus audacieuse à propos de l' Infinity Pool mortellement sérieux n'est pas ses thèmes sexuels, violents ou transgressifs, mais à quel point c'est amusant à regarder. Qui aurait cru que l'ennui moderne pouvait être si agréable ?

Infinity Pool joue maintenant dans les cinémas du pays.