20 ans plus tard, La Guerre des mondes est un regard vivifiant sur un monde en proie à la terreur

Les années qui ont suivi les attentats du 11 septembre ont été étranges et difficiles pour la quasi-totalité des Américains. Le sentiment de sécurité auquel tant de personnes s'étaient habituées a été complètement anéanti, et le pays a réagi à la révélation de sa propre vulnérabilité d'une manière qui a laissé des cicatrices durables.

Dans le monde du cinéma, des dizaines de réalisateurs ont tenté des allégories du 11 septembre, et la plupart n'ont pas su saisir l'instant. Steven Spielberg , lui, a pris son temps et a réalisé non pas un, mais deux films qui semblaient aborder la tragédie, quoique de manière indirecte. Munich, sorti en 2004, est une histoire de cycles de violence. Se déroulant au lendemain des Jeux olympiques de Munich, le film suit des agents du Mossad assassinant les hommes qu'Israël tient pour responsables du crime.

L'année suivante, Spielberg dirige Tom Cruise dans La Guerre des mondes , un film qui parle ostensiblement d'une invasion extraterrestre mais qui évoque néanmoins les sentiments ressentis par de nombreux Américains au lendemain du 11 septembre.

La Guerre des Mondes parle de la domesticité perturbée

En plus d'être une allégorie apparente du 11 septembre, La Guerre des Mondes est aussi l'un des derniers films où Cruise a interprété un personnage ordinaire. Il y incarne un docker qui peine à établir une relation positive avec ses deux enfants. Mais lors d'un week-end de visite fatidique, les enfants se retrouvent coincés avec leur père, alors que des extraterrestres envahissent la planète et menacent de la détruire.

Le plus important est que le film ne s'intéresse quasiment pas aux désirs des extraterrestres ni aux tentatives de l'humanité pour les arrêter. Ce n'est pas Independence Day . C'est un film sur un homme ordinaire qui travaille dur pour assurer la survie de sa famille.

La Guerre des Mondes n'est pas un film parfait, mais l'immédiateté de son premier acte, en particulier, est inégalée dans la carrière de Spielberg. Les instants qui suivent l'attaque initiale de l'extraterrestre sont frénétiques, terrifiants et rappellent à quelle vitesse le cours normal d'une journée peut être bouleversé par des événements extérieurs. Ils ne peuvent que faire demi-tour et fuir, et Cruise passe tout le film à chercher un endroit sûr où sa famille puisse atterrir.

Il faut reconnaître à Cruise un équilibre parfait entre sa panique personnelle et son désir de faire bonne figure pour ses enfants. Ce Cruise n'est pas une star de films d'action, et ce docker ne cache aucun talent caché. C'est juste un homme ordinaire qui tente de survivre, dans le dernier moment de sa carrière où il pouvait jouer un homme ordinaire.

Spielberg utilise son talent pour le spectacle

La liste des réalisateurs qui réussissent mieux que Steven Spielberg à transmettre le sens du spectacle est infiniment courte. En général, Spielberg met à profit son talent pour l'émerveillement et l'admiration pour émerveiller ses personnages et le public. Quand on voit les dinosaures de Jurassic Park ou le vaisseau spatial de Rencontres du troisième type , on est aussi émerveillé que les personnages par leur beauté et leur réalisme.

Dans La Guerre des Mondes , Spielberg use de son talent pour le spectacle et l'immédiateté à des fins plus néfastes. Lors de la séquence la plus mémorable du film, on voit un quartier entier réduit en ruines après le crash d'un avion en plein milieu. Le décor est tout à l'honneur du chef décorateur du film, mais Spielberg sait presque intuitivement comment rendre cette scène de catastrophe personnelle et immédiate, s'éloignant de Cruise et de sa famille jusqu'à ce que l'on puisse avoir une vue plus large des décombres.

Ce n'est qu'un exemple de la façon dont Spielberg utilise son intuition pour rendre les choses grandes et importantes afin de rendre la dévastation de La Guerre des Mondes si profonde. Il a transformé sa capacité à impressionner en arme.

C'est ce sens de l'échelle, combiné à l'attention portée à l'expérience d'une famille face à cet événement bouleversant, qui fait de La Guerre des Mondes l'un des films phares de l'ère du 11 septembre. Ce n'est pas un film politique, et on ignore même si le 11 septembre s'est produit dans ce monde.

La Guerre des Mondes est plutôt un film sur ce que l'on ressent lorsqu'on voit sa vie bouleversée. Vivre d'une certaine manière un instant et se battre pour sa propre survie l'instant d'après. C'est un film sur le sentiment de réaliser que la vie est plus fragile qu'on ne le pensait.

La fin du film peut sembler, du moins à certains, trompeuse, et c'est certainement son aspect le plus porteur d'espoir. Surtout, c'est aussi un retour à la vie domestique et un rappel que, quand tout le reste échoue, tout ce qui nous reste, ce sont les personnes avec qui nous avons choisi de fonder une famille.

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