J’ai exécuté macOS sur une tablette Android, mais cela m’a laissé avec espoir et maux de tête
Cela fait presque cinq ans que j'ai mis la main sur l' iPad Pro avec puce M1. Depuis, j'attends qu'Apple crée une solution permettant à cette tablette, sans doute surpuissante, d'exécuter macOS. Je ne demande même pas un double démarrage ambitieux, car ce serait trop exigeant, bien sûr.
J'espérais quelque chose de moins fondamentalement redondant. Comme exécuter une instance virtuelle de votre Mac sur votre propre iPad . Un peu comme diffuser votre bibliothèque Xbox ou Steam sur une tablette, à des kilomètres de la console ou du PC. Ou même sans posséder de console physique.
Jusqu'à présent, je croyais que ce n'était peut-être pas techniquement possible. Mais OnePlus m'a prouvé le contraire. La OnePlus Pad 3 , à 700 $, me permet d'utiliser macOS sans débourser un centime, si l'on exclut le latte horriblement cher du café du coin, qui offrait le Wi-Fi gratuit.
Comment est-ce possible ?
OnePlus est la première entreprise à permettre officiellement l'exécution de macOS sur une tablette Android, même si ce n'est pas la première marque à le faire. Le téléphone pliable Oppo Find N5 a été le premier à permettre un système Mac distant. C'était formidable à voir, mais pas particulièrement utilisable sur un écran exigu de 8,12 pouces, où le clavier occupait la moitié de l'espace.
La technologie est enfin arrivée sur la OnePlus Pad 3, grâce au pont O+ Connect. Il m'a suffi de télécharger l'application éponyme sur mon MacBook Air, de me connecter avec mon compte OnePlus, de scanner un code avec l'appareil photo de ma tablette, et tout s'est déroulé sans problème. Il me suffisait de vérifier que mon Mac était connecté à un Wi-Fi stable et que le couvercle n'était pas fermé.
Côté expérience, c'est un peu mitigé. Commençons par les points positifs. La OnePlus Pad 3 dispose d'un écran plus dense en pixels et plus lumineux que celui du MacBook Air M4 13 pouces. Plus important encore, elle prend en charge un taux de rafraîchissement de 144 Hz pour des interactions visuelles plus fluides. La différence, cependant, est difficile à remarquer.
Voici l'expérience macOS complète dont nous parlons ici. J'utilisais une version bêta de macOS Tahoe et j'ai pu gérer mon flux de travail avec WordPress, Ghost, Trello, Asana et Slack sans difficulté.
Tous les fichiers locaux disponibles sur mon Mac étaient facilement accessibles via un canal de streaming sur la OnePlus Pad 3. D'ailleurs, même en passant à un réseau cellulaire 5G, je n'ai rencontré aucun problème pour effectuer mon travail habituel. Certes, il y a une certaine latence, surtout si vous utilisez des fichiers volumineux et des ressources multimédias.
Pourtant, il est presque surréaliste de voir macOS réagir aux appuis sur l'écran et aux glissements multi-doigts pour passer d'une application à l'autre. En fait, la barre latérale persistante d'OxygenOS permet même d'effectuer facilement des tâches de base comme le réglage de la luminosité et la capture d'écran. Aucune expérience informatique fondamentalement défectueuse n'a été observée.
Le diable est dans les détails
Pouvoir exécuter macOS sur une tablette Android est une piste extrêmement prometteuse. Bien sûr, la puce et les composants réseau haut de gamme du OnePlus Pad 3 ont été un atout, mais la dissonance de l'écosystème est là pour durer, ce qui va pénaliser les utilisateurs expérimentés.
Tout d'abord, le clavier, la méthode de saisie fondamentale sur un ordinateur portable. En bref, c'est une épreuve de patience. Je n'ai pas grand-chose à redire sur la qualité du clavier, mais c'est sa disposition et l'absence de touches MacBook, comme Commande et Option, qui font qu'on se retrouve parfois face à un mur fonctionnel.
J'ai souvent été perplexe quant à la fiabilité de la touche Ctrl par rapport à la touche Commande. Que vais-je faire de la touche Recherche si elle ne permet pas d'ouvrir Spotlight de manière fiable ? À quoi sert la touche Alt sur mon Mac ? Est-il utile d'avoir une touche IA dédiée ? Ces boutons jouent un rôle important sur Android, mais pas sur Mac.
Une solution de fortune consiste à utiliser le clavier virtuel du Mac et à utiliser tous les raccourcis natifs. Je pourrais même ajouter une Magic Mouse virtuelle et exécuter les gestes multi-doigts avec le trackpad. Mais passer du clavier physique au clavier virtuel semble peu naturel, même pour accéder aux fonctions les plus basiques de la barre de menus et exécuter des raccourcis.
Pour quelqu'un qui travaille avec une demi-douzaine d'applications natives, voire plus, exécuter macOS sur une tablette Android revient à parcourir constamment le Launchpad, le Finder et le tiroir d'applications avec un curseur. Mais pour des workflows plus simples, comme ceux hébergés dans un navigateur, cela suffit.
On observe cependant une sensation persistante de saccades dans les transitions de l'interface utilisateur. Ce n'est pas vraiment gênant, mais c'est visuellement flagrant. L'application O+ Connect offre un répit en permettant de réduire la résolution et de rendre l'expérience « macOS en streaming » plus fluide. Les gains sont évidents, mais combinés à une mise à l'échelle légèrement décalée et à une clarté réduite, l'expérience n'est pas aussi raffinée qu'on l'attend d'un Mac.
Bien que la saisie tactile fonctionne, il est impossible de redimensionner les fenêtres. De plus, le glisser-déposer du curseur peut parfois être capricieux. En résumé, O+ Connect est plutôt une solution provisoire, loin d'être une solution de remplacement. Il offre une vision prometteuse des possibilités, une vision qu'Apple refuse d'exploiter.
Quelques réflexions pour Apple
On peut avancer de nombreux arguments pour expliquer pourquoi Apple n'intégrera jamais macOS sur l'iPad, directement ou indirectement. Au lieu de cela, l'entreprise a redoublé d'efforts pour qu'iPadOS ressemble davantage à macOS. Cette approche est irréprochable, car elle crée un sentiment de familiarité pour les utilisateurs, sans pour autant priver les utilisateurs des avantages fondamentaux de chaque plateforme.
L'iPad constitue désormais un écosystème à part entière, avec des utilisateurs fidèles qui y travaillent à temps plein, ou qui y reviennent régulièrement. Je me compte parmi ces utilisateurs. De plus, cette distinction permet à Apple de se concentrer sur chaque système d'exploitation et de l'améliorer séparément, sans repenser le tactile et les commandes traditionnelles clavier-souris pour deux systèmes d'exploitation bien distincts. Et n'oublions pas que la batterie de la tablette serait défectueuse.
Parallèlement, l'iPad se rapproche désormais du Mac, tant au niveau matériel que logiciel. Outre la parité des performances des puces, même les claviers sont désormais quasiment identiques. De plus, l'univers des comptes Apple offre une voie encore plus fluide et sécurisée pour réaliser une astuce que la OnePlus Pad 3 réussit avec le pont O+ Connect.
Apple est définitivement en mesure de permettre aux utilisateurs d'iPad Pro (et peut-être aussi d'Air) de diffuser leur propre Mac à domicile. Ou du moins de leur en offrir un dans le cloud et d'y accéder moyennant des frais. Nous vivons à une époque où je peux diffuser un titre AAA sur un téléphone portable. Faire de même avec un Mac, un ordinateur portable ultra-puissant doté d'une puce digne d'un ordinateur de bureau, ne devrait pas être trop difficile. C'est davantage une question d'engagement que de faisabilité technique.
Ou peut-être est-ce simplement la façon dont Apple dit : « Laissez l’iPad agir comme un iPad. »
